Sujet de la thèse: L’Université mise en données : Sociologie des enjeux et usages de l’open data dans l’enseignement supérieur et la recherche français.
La soutenance aura lieu au Palais Universitaire, salle Fustel de Coulanges, le mardi 25 novembre, à 13h.
Le jury est composé de :
- M. NORMAND Romuald, Professeur des universités, Université de Strasbourg (directeur de thèse)
- M. GOSSA Julien, Maître de conférences, Université de Strasbourg (directeur de thèse)
- Mme MICHEL Hélène, Professeure des universités, Université de Strasbourg (présidente du jury)
- Mme ORANGE Sophie, Professeure des universités, Nantes Université (rapportrice)
- M. PÉNISSAT Étienne, Directeur de recherche, CNRS (rapporteur)
- Mme DAKOWSKA Dorota, Professeure des universités, Sciences Po Aix
- Mme MIGNOT-GÉRARD Stéphanie, Maîtresse de conférences, Université Paris-Est Créteil
Résumé de la thèse
La thèse propose une analyse des politiques d’ouverture des données administratives (open data) dans l’enseignement supérieur et la recherche (ESR) français.
Ce travail prend pour point de départ l’étonnement suivant : tandis que la mise en données de l’ESR fait l’objet de critiques méthodologiques et normatives - la quantification étant notamment associée à une dérive marchande du secteur et à sa soumission à des impératifs exogènes de performance et de rentabilité, l’ouverture des données est perçue comme un progrès vers la transparence des organisations publiques, un outil de démocratisation des universités. La coexistence de ces deux positions est paradoxale : pourquoi, par le geste de l’ouverture, l’open data s’affranchit-elle des critiques adressées à la quantification ?
En mobilisant un cadre théorique au carrefour de la sociologie de l’action publique et de la sociologie de la quantification, avec des apports des Science & Technology Studies, la thèse explore l’hypothèse que l’open data fonctionne comme objet-frontière : objet construit à la frontière de plusieurs mondes sociaux, se caractérisant par un flou définitionnel, l’open data rassemble des acteurs aux profils hétérogènes qui y projettent des significations différentes. Cette diversité des acteurs mobilisés est brandie comme argument en faveur de cet objet, perçu comme apartisan et prépolitique.
En analysant l’émergence et le déploiement des politiques publiques de la donnée, à différentes échelles, ainsi que des infrastructures de production et d’ouverture de la donnée dans l’ESR, cette étude resitue l’open data dans les cadres idéologiques de l’économie de la connaissance et du New Public Management. Loin d’être un dispositif technique neutre qui rendrait transparentes les universités, l’open data fonctionne comme une nouvelle pratique d’assurance-qualité, un instrument au service d’une gouvernance numérique de l’ESR.




