Du son des cloches et des bêlements d’un troupeau de chèvres sur les hauteurs des parois entièrement bétonnées d’une voie rapide suisse, à celui de la destruction d’une barre
d’immeuble accompagnée d’un nuage de poussière, captée à distance par les caméras de la presse, en passant par le bourdonnement insistant, perturbant jusqu’à la maladie les voisins des
centres de données, la dimension sensorielle des infrastructures participe de leur présence quotidienne et des valeurs socio-culturelles changeantes qui leurs sont attribuées. La question
de la sensorialité des infrastructures complexifie ainsi le caractère d’« invisibilité » structurelle de ces dernières et nuance l’affirmation d’une visibilité qui serait conditionnée seulement à leurs
défaillances et autres pannes (Star 1999). Les odeurs, les sons, les sensations tactiles ou gustatives, fabriquent, autant que la vision, les modalités d’existence et les interactions avec les
infrastructures ainsi que les possibilités d’habiter les environnements qu’elles contribuent à produire. Ce « sensorium » (Howes 2024) forme ainsi une composante essentielle de ces
écosystèmes sociotechniques complexes que sont les infrastructures et les environnements bâtis.
Ci-joint le programme détaillé.




