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Soutenance de thèse de Maéva Le Roy

Le 12 mai 2023
À 09h30

« Administrer "l’esprit public". Pratiques de l’enquête et production de savoirs en France et dans le Nord de la péninsule italienne (1792-1814) ». 

La soutenance aura lieu le vendredi 12 mai à 9h30, à l’Institut Universitaire Européen de Florence. Il sera possible de la suivre en ligne, en s’inscrivant au préalable à l’adresse suivante afin de recevoir le lien Zoom : https://apps.eui.eu/EventRegistration/?eventId=557734

Le jury sera le suivant : 

  • M. Stéphane Van Damme, Professeur d’histoire moderne à l’ENS Paris I (directeur de thèse) 
  • Mme Isabelle Laboulais, Professeure d’histoire moderne à l’Université de Strasbourg (directrice de thèse) 
  • M. Pieter M. Judson, Professeur d’histoire contemporaine à l’EUI 
  • M. Pierre Karila-Cohen, Professeur d’histoire contemporaine à l’Université Rennes 2 
  • M. Aurélien Lignereux, Professeur d’histoire contemporaine à l’Institut d’Études Politiques de Grenoble 
  • M. Frédéric Audren, Directeur de recherche en droit au CNRS, Sciences Po Paris 

 

Résumé de la thèse : 

Cette thèse propose une socio-histoire de « l’esprit public » à partir de l’étude des enquêtes menées entre 1792 et 1814, à une période où l’administration française n’en a pas développé d’usage stabilisé. À la fin du mois d’août 1792, la première enquête sur l’esprit public est lancée, confiée à un groupe d’agents envoyés sur le territoire qui rédigent des rapports administratifs sur cet objet pour le ministère de l’Intérieur. Sous le gouvernement révolutionnaire et jusqu’au Directoire, les agents nationaux puis les commissaires du pouvoir exécutif sont chargés de rédiger, pour le Comité de Salut public puis pour le ministère de l’Intérieur, des comptes rendus périodiques sur divers objets dont l’esprit public. La volonté de connaître l’esprit public perdure sous l’Empire, dans le cadre d’une enquête menée par le ministère de la Police générale et confiée au corps préfectoral. Sa mise en œuvre est alors étendue aux territoires annexés par l’Empire et placés sous son orbite, regardés de près par les autorités. Se départant d’une définition de l’esprit public qui serait posée a priori, cette thèse interroge donc la manière dont les administrateurs ont appréhendé la catégorie et la façon dont le contenu de celle-ci a évolué au gré des changements de régime. Les pratiques d’enquête tour à tour mises en œuvre font apparaître trois moments caractéristiques de cette socio-histoire de l’esprit public : celui de sa légitimation et de son institutionnalisation dans les structures gouvernementales, celui de sa mise en place sur le terrain, celui enfin où le travail de bureau se formalise et transforme les données sur l’esprit public en savoirs administratifs puis en instruments de gouvernement, dont l’usage, élargi à différents territoires du Nord de la péninsule italienne, permet d’observer la circulation des savoirs administratifs. 

This thesis offers a socio-history of the French administration's preoccupation with l’esprit public through political surveys between 1792 and 1814. At the end of August 1792, the first survey on l’esprit public was launched, entrusted to a group of agents sent to different territories in France who wrote administrative reports on this subject for the Ministry of the Interior. Under the Revolutionary government and until the Directory, local administrators wrote periodical reports that included an assessment of l’esprit public for the Committee of Public Safety and then for the Ministry of the Interior. The Napoleonic administration carried on with this concern for l’esprit public, within the framework of an investigation led by the Ministry of the Police and entrusted to the prefectural corps. Its use was extended to territories annexed by the Empire and placed under its orbit, watched very closely by the authorities. Without defining a priori the notion of esprit public, this thesis questions the way in which the administrators understood the meaning of the category and the way in which its contents evolved with the changes of regime. For this purpose, I examine three moments: the legitimization and institutionalization of l’esprit public in governmental structures, its implementation in the field, and then the office work carried out in order to transform the data on l’esprit public into administrative knowledge. I question their use from the perspective of the circulation of administrative knowledge when it is extended to different territories of the North of the Italian peninsula.