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Journée d’étude internationale
11 juin 2018, Strasbourg, Maison Interuniversitaire des Sciences de l’Homme d’Alsace (MISHA)
Organisée par Gildas Renou (politiste, UMR SAGE), Marie Balas (sociologue, UMR Dyname) et Sylvie Ollitrault (politiste, UMR ARENES)
Manifestation scientifique soutenue par :
Calendrier
Texte complet de l’appel à communication (avec la bibliographie).
Argument (premiers paragraphes)
Dans la sociologie des religions de Max Weber, le « prophétisme exemplaire » renvoie au « modèle » d’une forme de vie exigeante pouvant conduire au salut (Weber 1996, Turina 2006) Transposé à l’activisme contemporain, le concept d’exemplarité peut s’avérer heuristique pour l’analyse de certains mouvements sociaux et politiques qui, en faisant reposer le « salut social » sur l’adoption d’un ensemble de pratiques quotidiennes, proposent un modèle d’engagement structurant le quotidien l’existence personnelle. A côté de la vie professionnelle et de la sphère religieuse, le militantisme constitue en effet un espace possible de « réalisation de soi » et de ce que Weber nommait les « biens de salut » (Siméant 2009), qui ne renvoient pas nécessairement à un horizon de type religieux (Colliot-Thélène 1995, Heurtin 2014).
La logique de l’exemplarité implique une exigence d’appropriation personnelle de la cause embrassée, dès lors irréductible au « rôle militant ». Elle suppose, et c’est central, une forte dynamique de pari (par définition incertain) gageant un effet d’entraînement de sa propre action sur celle d’autrui. Cet effet est susceptible de rendre possible un avenir souhaité, ou d’empêcher un futur redouté d’advenir. Ainsi envisagée, l’exemplarité nous paraît faire partie de ces voies alternatives de politisation qui sont explorées activement aujourd’hui dans l’espace des mouvements sociaux pour construire des mobilisations, selon des modalités en partie novatrices. On y repère en effet des modes de sensibilisation, de fidélisation et d’enrôlement qui, touchant au « personnel », au « privé » voire au « sensible » (Demeunelaere 2013, Centemeri 2018), échappent aux formats traditionnels sur lesquels étaient fondés le militantisme de masse ou, du moins, les principes qui étaient censés le réguler. On pense en particulier à la représentation par délégation (Bourdieu 1981, 1984 ; Pudal 1989 ; Ethuin 2004) et au cadre « civique/étatique » (Thévenot 2014; Colin-Lebedev 2017).
Parmi les mouvements sociaux travaillés par la dynamique de l’exemplarité personnelle, la Journée d’étude invite à prêter une attention privilégiée aux mouvements dont l’engagement est motivé par l’anticipation et la préparation d’un avenir alternatif à l’horizon socialement dominant. Cet engagement réunit au moins trois caractéristiques : il s’opère au moins autant en pratique(s) qu’en discours ou en expression de conviction ; il doit être sans cesse réactivé au présent, jour après jour ; il s’inscrit dans des processus collectifs, même si ces derniers ne prennent que rarement les formes classiques d’organisation des groupes.
La dynamique de politisation par « anticipation » et « préparation » de l’avenir est entendue ici sur un mode extensif. Elle renvoie d’abord aux mobilisations animées par l’ambition de transformer la société en prenant en compte l’enjeu de la « soutenabilité écologique » et de la « durabilité » (Vivien 2007, Pestre 2011, Felli 2016). Depuis le début du XXIème siècle, marqué par la mise en évidence d’une crise climatique et environnementale structurelle sur le plan planétaire (Steffen, Crutzen & McNeill 2007, Bonneuil & Fressoz 2013), de nombreux mouvements d’ordre et d’amplitude variés se sont constitués. Ils visent à préparer, selon des modalités fort différentes, l’émergence d’autres modèles d’organisation socio-économique qui seraient moins destructeurs des conditions de la vie humaine dans la biosphère, que ceux qui ont été développés dans le cadre du métabolisme social en vigueur depuis l’ère industrielle et surtout depuis la « grande accélération » de l’après Seconde Guerre mondiale (Haberl & Fischer-Kowalski 2008, Martinez-Alier & alii 2014, Bourg & Arnsperger 2017). On pense ici aux mouvements contemporains de transition écologique et climatique (Frère & Jacquemain 2013, Dielts & Garrets 2014), au réseau transnational des Villes en Transition (Hopkins 2010). On pense aussi aux alternatives pour une décroissance soutenable (Asara & alii 2015, Flipo 2017), aux mouvements anti-gaspillage (Hajek 2009), au mouvement anti-OGM (Hayes 2007, Muller 2009), aux mouvements de sobriété et de promotion du « rationnement convivial » (Szuba & Semal 2010, Semal 2015). Dans le domaine de l’alimentation, on doit citer l’émergence du food activism (Sinischalci 2010) et la nébuleuse créative de l’agroécologie (Deléage & 2012, Demeulenaere 2014, Foyer 2018)….