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Séminaire d'anthropologie diachronique

September 23, 2020
From 13:00 until 15:00
5320, bâtiment 5, 3e étage, Le Patio, Faculté des sciences sociales, campus Esplanade

Thème de l’année 2020 : « Le singe, l'homme et le yéti, une frontière entre nature et culture ».


Argumentaire : De tout temps, et partout, l’homme en société, qu’il s’agisse d’un grand espace social ou d’un petit groupe ethnique, a vu l’autre, tout spécialement son voisin le plus proche, comme inférieur, moins civilisé, en un mot plus sauvage.

Par ailleurs, de tout temps et partout, le sédentaire, l’agriculteur, le citadin, le sujet d’une société à Etat, a considéré le nomade, le chasseur-cueilleur, le membre d’une société sans Etat, particulièrement le campagnard, le montagnard, l’insulaire, l’habitant de la forêt, comme un presqu’humain sinon un non-humain, l’assimilant à l’ours ou au singe suivant le cas, en tout cas le rapportant à l’animalité.

Le yeti de l'Himalaya, le bigfoot d’Amérique du Nord, l’ebu gogo de l’île de Florès en Indonésie, le người rừng (« homme de la forêt ») du centre et sud Vietnam, l'« homme à queue » de l’ancienne Indochine, le mawah, humain primitif ressemblant beaucoup à l'orang-outang (Pongo spp.) tel que décrit par les Jawi et les anciens Malais péninsulaires (orang hutan, « homme de la forêt » en malais et indonésien) – figures considérées comme légendaires et fabuleuses, qui relèvent, comme les loups-garou ou les vampires, de ce que l’on appelle usuellement la cryptozoologie – existent dans l’entre-deux, le no man’s land entre l’humanité et l’animalité. Mais ils relient aussi, dans un temps mythique, le passé le plus lointain et le présent immédiat, l’hominidé et l'Homo sapiens. S'ils peuvent être des affabulations issues de l’imaginaire transmis par la tradition orale, au-delà de la raison et de la logique, ils peuvent être aussi une trace minuscule du lointain passé en tant que témoins fugaces et incertains demeurés dans l’orbe de la tradition orale et marques intimes et infimes d’une ethnoarchéologie et d’une anthropopaléontologie au sens propre, ainsi que le pensent nombre de groupes humains questionnés à ce sujet. Enfin, l’un se sent toujours plus civilisé que l’autre : le Javanais ou l’habitant de Yaoundé regardent l'essarteur dayak de Bornéo et le paysan de langue bantou avec la condescendance du citadin pour le rural, alors que ceux-ci voient à leur tour les nomades Punan ou les pygmées Baka comme un peu plus sauvages (forestiers) qu’eux, et que ces derniers envisagent enfin l’existence (rassurante) d’hommes singes en forêt plus près de l’animalité que de l’humanité… Dans tous les cas, se dessine d’une part une sorte de hiérarchie informelle et mondiale, et l’on peut dire sans doute universelle, du plus civilisé, du plus humain, au plus sauvage, au plus animal, en une forme pyramidale descendante reproduisant le même motif, à la manière des poupées russes, de plus en plus petites, de plus en plus locales. Cela permet de réfléchir d’une façon différente aux notions de primitivité et de civilisé, d’animalité et d’humanité, et donc de repenser la frontière entre nature et culture.

A partir du thème central, une discussion argumentée est lancée par le directeur du séminaire, donnant lieu à débats avec la salle, déclinée en autant de séances jusqu’à la neuvième dédiée à une tentative de synthèse, appuyés au long des séances d'éventuels exposés d’intervenants extérieurs et de doctorants venant présenter leurs travaux en lien avec le thème.